Howard Thurston
20 Juillet 1869 – 13 Avril 1936
« Mon but est de mystifier et d’amuser. Je ne vous décevrais pour rien au monde »
Howard Thurston est né à Columbus (Ohio) en 1869.
En raison de sa petite taille, il tenta de devenir Jockey et gagna ses premiers sous en vendant des programmes de courses. Il fit de nombreux petits boulot en travaillant par exemple pour le cirque des frères « Sells » ou au village africain de l’exposition mondiale colombienne de Chicago. C’est dans des livres et en travaillant pour des carnavals (Son frère Harry ayant travaillé dans ce domaine) qu’il apprit ses premiers tours de cartes. C’est le hasard (on lui avait remis par accident un billet pour Syracuse , destination de Herrmann alors qu’il avait demandé un billet de train pour philadelphie.) qui lui fit choisir sa voie. Il suivit Herrmann comme son ombre et s’installa près de lui dans le train. Il le suivi jusqu’au théâtre ou il se produisait et assista au show. C’en était fini de ses désirs d’études : il allait consacrer son temps au show business !
La magie de Thurston tranchait avec la magie classique des Robert Houdin, Herrmann, Kellar et autres Maskelynes… D’ordinaire, les spectacles de magie étaient de grandes durée et très dépendantes du magicien. Lui au contraire, présentait des numéros de scène de courte durées (7, 12 ou 20 minutes). Il trancha d’autant plus avec les pratiques d’usage que, comme Horace Goldin, il introduisit les numéros sans paroles alors que les autres numéros étaient d’ordinaire entièrement basé sur le monologue du magicien présentant ses effets.
En 1900, il présenta son numéro de cartes au « Tony Pastor’s Theater ». Celui-ci était composé de manipulation (productions) de cartes, d’une version de carte ascenseur adaptée à la scène et (déjà) d’une version de « shooting cards » qui envoyait les cartes dans le public au travers le théâtre. Cette « fioriture ayant été « empruntée » à Herrmann… Ce jet de cartes composant toujours de façon invariable le final de son show. Ce qui fit de Thurston un réel magicien d’exception a sans doute été le fait son agilité manuelle. S’il n’en fut pas l’inventeur, il fut le premier à présenter le back palm sur scène. (L’histoire tendrait à attribuer cette technique à Mark Schantz (que Thurston prit pour un mexicain en raison de l ’habitue qu’avait celui-ci de parler en espagnol et de manipuler des pièces mexicaines (qu’il préférait en raison de leur taille adaptée pour la manipulation)))
Pour replacer ses prestations dans le contexte de l’époque, il faut savoir que Devant et Maskelyne étaient plus que dédaigneux pour ses spectacles sans paroles…
Alors qu’il aurait pu faire sa carrière sur cette seule habilité à manipuler les cartes, Thurston avait en fait un but plus ambitieux. Lorsque Thurston apprit que Kellar allait prendre sa retraite, il lui suggéra de le nommer son successeur, il racheta son matériel. Il adapta alors les numéros en les rendant plus courts et plus spectaculaires. Il lui racheta également le droit de se faire appeller "the american 's leading magician"
Il transforma le fameux numéro de « la princesse Kharnac » au grand dam de Kellar (Numéro qui, rappelons le, avait lui même déjà été « pris » à Maskelyne par Kellar) et n’hésita pas à faire monter des personnes du public pour venir constater que la lévitation était « réelle »…
Thurston eu comme assistant Guy Jarrett, lequel était aussi un grand créateur d’illusion. Il présenta le « bangkok bungalow » lequel jouait avec le public en trompant celui-ci sur la non faisabilité de l’explication évidente (et pourtant réelle) de celui-ci. Il renforça l’impression de légèreté du bungalow en assistant la traction de celui-ci par un câble invisible qui donnait l’impression qu’il était manipulé sans efforts par un assistant alors qu’en fait il contenait encore Jarrett caché tel un contorsionniste dans celui-ci.
Thurston tout en appréciant la grande créativité de Jarrett avait du mal à comprendre sa vision idéaliste de l’illusion. Leur collaboration ne dura pas plus d’une année.
Howard Thurston travailla avec David Devant et repris nombre de ses illusions telles que « the problem of Diogenes » ou encore « the window of a haunted house ». En contrepartie Thurston conseilla Devant sur les endroits ou acheter certaines illusions.
Un des tours de Thurston consistait à faire monter deux enfants sur scène et produire par la suite des œufs en quantité telle, qu’il était impossible aux enfants de conserver ceux-ci dans leurs mains comme le leur demandait le magicien sans en casser par dizaines (Ceci créant bien-sûr l’hilarité du public).
Ce n’était pas tant le « truc » en lui même qui plaisait mais bel et bien cette participation des enfants et la relation créée avec le public. C’est ce qui fit de ce numéro un réel succès.
On citera que Quentin Roosevelt, le fils du président Théodore Roosevelt participa lui même à l’age de 10 ans à ce numéro de production d’œufs.
Thurston conseilla ce numéro à Devant lequel en fit un très célèbre numéro de magie pendant lequel le public riait de bon cœur pendant de nombreuses minutes.
Le temps de la gloire passa doucement. Il fut ainsi à l’origine du « wonder show of universe » qui connut son apogée dans les années 1920 mais qui plus tard, pendant la crise de 1931, obligea Thurston alors âgé d’une soixantaine d’années à présenter quotidiennement 5 shows d’une heure pour être rentable.
Thurston continuait malgré tout à toujours exiger le meilleur de lui-même.
En octobre 1935, après une dure journée, Thurston se rendit avec des amis de sa troupe manger un sandwich et boire une bouteille de bière. Lorsqu’il se releva pour mettre son manteau, il s’écroula inanimé…
Une fois remis, il préparait à nouveau un nouveau spectacle lorsque la mort le surprit le 13 avril 1936, trois jours seulement après le décès d’un autre grand de sa génération : Charles Morritt.