Charles Morritt : 1860-1936 (GB)



Charles Morritt : 1860-1936 (GB)

"Je vous annonce avec confiance avoir trouvé un nouveau truc.... entirement différent et de très loin le meilleur ."

Charles Morritt fût un prestidigitateur de grande renommée. Magicien britannique, il fut un mentaliste, un hypnotiseur, un artiste de scène et un créateur d’illusions de grand talent.

Charles Morritt est né en 1860 près de Tadcaster (yorkshire). Son intérêt pour l'art magique s'est éveillé en 1877 après avoir assisté à une représentation des frères Davenport.
C'est en 1886 qu'il fit sa première représentation à Londres.
Il se produisit ainsi au « Prince’s hall » dans son numéro de transmission de pensée. Ce numéro fut célèbre et il n'utilisa pas comme c'était souvent le cas à l'époque de code linguistique. Son "truc" étant basé non pas sur les mots eux-même mais sur la longueur des silences qu’il laissait entre les mots...Charles et Lilian avaient acquis un rythme de comptage mental parfaitement synchrone.
Il travailla avec le grand Alexander Hermann qui lui permis de se présenter à ses côtés au « Niblo’s Garden Theatre » à New-York.
A partir de 1888, il travailla avec Maskeline et Cooke au fameux "Egyptian hall" de Londres.
Il y étudia les effets de Maskelyne. Il était fasciné par les effets de miroirs mais à son goût, la présentation que faisait Maskelyne incluait trop de paroles et était trop lente.
Le rythme rapide qu’il mit à ses illusions fut d’ailleurs un élément qui lui fut reproché par la suite.
Il quitta Maskelyne et Cooke pour se produire à l’« Empire theatre » qui se trouvait…. quasiment dans le bas de la rue ou se trouvait « l’Egyptian Hall ».
C’est là qu’il présenta (entre autres) l’illusion connue aujourd’hui sous le nom de « la cage de Morritt ». il s’agissait en fait d’une version grandement améliorée de la cabine de Maskelyne. Le fait de présenter une cage (au travers laquelle on pouvait donc voir) au lieu d’une boite aux parois de bois multipliait l’effet de disparition initial : L’assistant ne s’était pas seulement échappé, il avait « disparu » !
Armé de cet effet et de plusieurs autres illusions ; il monta alors son propre show : le « Morritt Afternoon Entertainment » lequel reprenait également le concept des représentations matinales de « l’Egyptian Hall ».
Parmi les nombreuses facettes de son talent, on ajoutera la manipulation puisqu’on lui doit le « Morritt gripp », une technique d’empalmage de pièce.
Ceci explique que le show de Morritt présentait des actes de manipulations, du mentalisme et des illusions entrecoupées de numéros musicaux.

Parmi les tromperies basées sur les jeux de miroirs, on nommera le célèbre "Tally Ho » (l'apparition d'une chasse au renard complète (c'est à dire avec des cavaliers et leurs chevaux, des chasseurs et des renards). et cela à partir de rien en apparence... ) et surtout "la disparition de l'âne"… Charles Morritt eu également le génie de faire disparaître dans certaines de ses illusions des personnalités controversées tels Orton (une sorte d’aristocrate à la mauvaise éducation ayant fait fortune de façon « peu honnête ») ou encore Edward Scott (suspecté de meurtre)…

Après une tournée australienne, il présenta à son retour une nouvelle illusion particulièrement convaincante : Le rideau s’ouvrait sur quatre hommes se tenant au milieu de la scène tenant chacun un coin d’un grand plan de travail carré. Une assistante arrivait alors et montait sur le promontoire ainsi maintenu. Morritt cachait à peine quelques instants la jeune femme avec un paravent que celle-ci s’était volatilisée en un temps record !
Cette illusion bien que simple de conception était gérée de main de maître. Son seul concept était simplement beau de simplicité. Pas d’appareillage compliqué, rien d’autre sur scène que les 4 hommes, l‘assistante et Morritt…

Charles Morritt est également à l'origine d'un des tours les plus connus de Houdini (toujours décrit dans le livre "Hiding the elephant") : la disparition d’un éléphant sur la scène du New York Hippodrome en 1918. Le plus populaire magicien de l’époque, dans la plus gigantesque salle de spectacle des USA (construite pour pouvoir accueillir des batailles à cheval sur scène…), présentant un effet qui est alors le Graal pour de nombreux illusionnistes.
La disparition d'un éléphant de Houdini était le résultat de l’évolution des 50 ans d'expérimentations scéniques réalisées par de nombreux magiciens.
Curieusement, l’effet présenté ne fut pas aussi exceptionnel que cela. En effet, seule une petite partie de l’immense hippodrome pouvait réellement voir qu’il n’y avait plus d’éléphant… La nature même de l’illusion (une boite longue percée à chaque extrémité de deux ouvertures cylindriques) ne permettant qu’aux spectateurs placés dans l’axe des deux ouvertures de profiter de l’illusion. Cette illusion fut plus un coup de publicité gigantesque qu’un réel succès magique… Néanmoins, grâce à cette illusion, Houdini avait réussi à ne pas rester connu que comme un homme capable des évasions les plus folles mais est resté gravé dans les mémoires comme ayant fait partie des « grands » magiciens puisque ayant fait disparaître un éléphant.

Dès les années 1920, Morritt commença à éprouver des difficultés à exercer son art. En Octobre 1927 à Halifax, alors qu’il était âgé de 68 ans, il se trouva confronté à la justice pour une histoire d’hypnose frauduleuse dont il se sortit finalement à bon compte, nombre de plaignant acceptant de retirer leur plaintes…
Sa santé alla ensuite en s’affaiblissant.

Il refusa de livrer ses secrets par écrit au frère d’Houdini (Théo). Il expliqua qu’il préférait expliquer oralement les détail technique à Houdini lui même. Tradition de la magie oblige !
Il n’expliqua jamais son secret de la disparition de l’âne… Cette illusion vit pourtant son secret finalement éventé 75 ans plus tard (!) après que Jim Steinmeyer, à l’aide de Alan Wakeling, ait étudié longuement tous les écrits de l’époque décrivant cette illusion. (Lire « Hiding the elephant » pour enfin tout savoir)

Il mourut le 10 Avril 1936 d’une tuberculose pulmonaire, oublié depuis longtemps par les autres magiciens.

sources :
Principalement « Hiding the elephant »
Traduction et synthèse par moi même

Et nettement plus anecdotiquement :
https://www.magicpromotionclub.ch
+ une critique de "hiding the elephant" parue sur VM
et http://www.magicnook.com